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text source Re: [onem] Mener un atlas naturaliste > 3 : Maillage 00161

Dans un e-mail daté du 30/03/2005 16:26:08 Paris, Madrid, christophe.bernier@xxxx a écrit :
Oui, avec des mailles de 5x5km, voire 2x2,
on atteint une précision de terrain réaliste.

Les anglais ont produit la plupart de leurs
atlas (bota, malaco, etc) à cette résolution.

Mais soyons réaliste : en France, nous n'avons
même pas un Atlas national bota sur fond de
maillage 20x20km et c'est pas près d'arriver. Donc si
à l'échelle départementale on arrive à une précision
4 fois plus importante (10x10 km) ce sera déjà une
belle prouesse... Quant à des mailles de 5x5km
(16 fois plus de mailles qu'au maillage 20x20),
je n'ose y croire, ou du moins je n'ai vu aucun
atlas en France publié à cette résolution, et je
doute même que noussoyons un jour capable
d'une telle résolution (pour des raisons culturelles,
financières, politiques et tout ce que vous voudrez).
Au niveau d'un atlas, il y a deux résolutions à penser :
- l'espace
- le temps
Sur celles-ci il faut savoir placer des informations sur des effets de prospection : lacune ou déséquilibre.
 
Une maille large tend à effacer les lacunes et déséquilibres de prospection, mais tendent à gommer la réalité de la prospection : ainsi une maille 20x20 km est-elle alors adaptée car une maille qui contient 100 mentions aura le même poids visuel qu'une maille qui n'en a qu'une. Par contre nous n'avons aucune idée de la réalité des connaissances. Le choix de cette grande maille rend compte d'une certaine réalité de la répartion, mais aucunement de la réalité de la connaissance.
La région Rhône-Alpes, le Doubs et par exemple le Gard, mais il y a aussi des découpages pour les Hautes-Alpes, le Var par exemple ont proposés l'usage de districts naturels... et celà est merveilleux car on doit envisager que si une espèce est présente en un point d'un district, elle est potentiellement présente de la même manière sur l'ensemble du district ou de manière plus rigoureuse sur l'ensemble de ses biotopes sur le district. Si elle est rare, elle tendra à être rare sur le district, si elle est commune, elle tendra à l'être aussi. Il s'agit ici d'une approche synthétique qui tiend compte d'éléments biogéographiques, écologiques et d'abondance tablant sur des hypothèses de réalité des districts. Ce type d'atlas ne présente guère de défauts sauf dans la définition correcte des districts (par ex. le Sud Ardèche, est dramatiquement coupé par la ligne de l'aire méditerranéenne, si bien que le nord et le sud de ce district ne sont pas équivalents ; ce type d'erreur grossière est évidemment à éviter) et sauf dans l'interprétation qui peut être maladroitement menée. Il s'agit d'atlas interprétatifs et synthétiques.
Une maille fine n'a guère de sens et alors, autant préférer le point le site. Ils gomment des détails par l'alignement quadragulaire des points aussi ne voit-on pas telle répartition sinueuse selon l'axe d'une vallée, tout simplement parce que les points recentrent les données. 
(voir http://www.deliry.com/coemer.htm : Coenagrion mercuriale ici une carto selon des carrés gommera l'alignement des stations selon certaines vallée alluviales).
Je pense qu'en dessous d'une maille 10x10 km on doit préférer un atlas stationnel en raison de sa plus grande rigueur. Son défaut est de mieux visualiser pour les espèces les plus fréquentes la répartition des prospections, plutôt que celle des espèces proprement dite... on peut presque envisager de ne pas faire de carte pour ces espèces, à moins debien considérer qu'il s'agit de cartes de connaissances acquises plutôt que de cartes de prospection. Il serait plus intéressant de réfléchir à leur répartition selon des spectres écologiques et non plus faire une cartographie géographique, mais plutôt des diagrammes écologiques. Par contre en couplant sur de telles cartes d'espèces fréquentes des éléments sur les plus grosses stations par exemple... on dégagera des éléments intéressant comme des gradiants de densité.
(voir par exemple http://www.deliry.com/aescya.htm Aeshna cyanea : on remarquera que la répartition globale montre peu de lacunes, mais que de façon paradoxale quant à la litterature - espèce de plaine - les plus grosses populations sont présentent dans des massifs de moyenne altitude - http://www.deliry.com/aesmix.htm Aeshna mixta : une espèce présentant selon les connaissances une certaine méridionalité dont les plus grosses populations se situent autour de laDombes, le Val de Saône et dans la Vallée de l'Arves en Haute Savoie).
On pourra constater que de telles représentations un point par site,ne révèle en aucun cas les stations précises, ceci depend en fait de la définition du fond de carte.
Les cartes les plus intéressantes sont celles des espèces les plusrares... et en général, on tend à avoir pas à pas des informations fiables sur celles-ci... et d'aucune manière elles sont toujours pertinentes car visualiser l'état de connaissance d'une espèce rare, c'est visualiser ce qui est à préserver. Ce sont ces espèces qui à nos échelles locales présentent en fait des originalités et sont les plus intéressantes à cartographier.
Couplant l'idée de "ne pas" cartographier les espèces fréquentes, d'établir par contre leur spectre écologique, de cartographier les espèces moins fréquentes... on fait une économie majeure sur le temps de prospection... car les objectifs à la fois plus restreints sont en outre beaucoup plus pertinent (avis personnel !!!).
Le pas de temps est important : un Atlas flash est un idéal. Il s'agit de photographier ce qui existe à un moment donné et de pouvoir établir une comparaison rapide avec un autre Atlas flash. A ce niveau une durée de 5 année est tout à fait pertinente car il s'agit de la moitié du pas de temps d'un des principal critères UICN pour l'établissement des Listes Rouges. Une prospection sur 10 ans, devrait faire une représentation différente des données des 5 dernières années, des 5 années précédentes et des années antérieures de manière à traiter ces critères. En pratique c'est parfois difficile... et celà demande beaucoup d'analyses et d'hypothèses pour valider les éléments sur la période critique de 10 ans... mais un but remarquable. L'atlas flash doit se doter d'un effort de contrôle des stations des espèces les moins fréquentes, tout en continuant d'accumuler des informations sur les espèces fréquentes... il doit en outre identifier de manière ciblé des stations nouvelles à prospecteren regard de leur qualité (pas nécessairement bonne, mais particulière) et à des fins de découverte. Les Atlas historiques réfléchieront à la représentation des données selon une ou plusieurs tranches de temps, tout en essayant de s'approcher de la possibilité de deux tranches récentes (5+5 ans, au pire 10+10 ans), complétée par une ou plusieurs tranches antérieures. La tranche la plus récente est la photographie "actuelle" des connaissances de la répartition pour les espèces les moins fréquentes, et de la prospection et ses lacunes, ou irrégularités (auquel cas une carto de prospection globale suffit souvent) pour les plus fréquentes.
BONS'ATLAS.
 
Cyrille DELIRY (Isère - Europa) - cyrille@xxxx
Histoires Naturelles du Grand Père Soulcie
http://www.deliry.com

 
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