Des bases de données : Pour faire quoi ?
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du groupe "Bases de données"
Des données : pour quoi faire ?
La synthèse Saga que vous pouvez consulter sur ce site Internet est un modeste exemple de l'intérêt de
collecter des observations en vue de rédiger un travail de
synthèse de ces données : en d'autres mots, l'exercice consiste à extraire d'un vaste tableau de chiffres et de lettres (des dates, des effectifs, des coordonnées géographiques et altitudes des lieux d'observation, des tailles de bestioles, des âges, un seul sexe - femelle, des photos, des commentaires...) une information compréhensible en bon français et probablement intéressante pour des lecteurs, que nous espérons les plus nombreux possibles.
Dans ce cas précis une BDD a été constituée sur le tas, pourrait-on dire, pour
consigner, organiser et étudier l'ensemble des observations collectées.
Dans d'autres cas, un naturaliste ou une structure possède une BDD dans laquelle il rentre les observations sans se soucier , a priori, de l'utilisation qu'il en fera plus tard, parfois cinquante ans après.
Je vous renvoie sur le bulletin d'information de l'association Organbidexka Col Libre (OCL pour les intimes) qui collecte depuis 1979 des observations de migrations d'oiseaux sur trois cols des Pyrénées-Atlantiques. Des milliers d'observations pour des millions d'oiseaux, dans une BDD spécialement conçue à cet effet, dans laquelle chaque vol de pigeons est consigné dans une tranche horaire de cinq minutes ! Vous avez bien compris : si un vol de pigeons passe toutes les cinq minutes, il y aura déjà 12 observations dans l'heure... Mais le plus de cette BDD nommée "Migrans", c'est que chaque vol est référencé dans son intégrité : ainsi lorsque trois vols de 12, 780 et 11000 oiseaux sont passés dans la même tranche de 5 minute, cela fait 3 données séparables dans la base.
J'arrête sur les détails et poursuis mon propos : à partir de cette BDD, au bout de 26 années d'étude, OCL nous propose dans son dernier bulletin une présentation de la migration de l'espèce Milan noir à travers les Pyrénées : on y trouvera
- > la somme des effectifs,
- > la phénologie saisonière de migration, c'est-à-dire la répartition du passage entre juillet et novembre, avec le pic de migration (le jour de l'année où passe le plus grand nombre d'oiseaux en moyenne),
- > on trouvera aussi phénologie horaire de migration, c'est-à-dire les heures de la journée pendant lesquelles on observe effectivement la migration de cet oiseau,
- > Puis on verra un graphe présentant l'évolution des effectifs au cours des 20 dernières années, avec une tendance statistique* à l'augmentation,
- > un graphe étonnant démontrant une tendance marquée d'avancement de la migration dans la saison,
et plein d'autres informations épatantes.
Cet article de diffusion d'information n'est possible que grâce à l'existence de la BDD d'OCL, mais aussi des BDD d'autres structures avec lesquelles OCL travaille en réseau, et permettant de présenter, par exemple, les voies de migration du Milan noir en Europe occidentale et la taille estimée de la population considérée...
On utilisera aussi la BDD pour visualiser la
répartition géographique des observations et donc des espèces : c'est la
cartographie présentée avec l'enquêt Saga.
On pourra faire des
âges-ratio (la proportion des jeunes dans une population donnée : c'est ce qui donne les pyramides des âges bien connues et les tendances au vieillissement de la population... humaine dans nos contrées...) et des
sex-ratio, c'est-à-dire définir la place, dans une population donnée, des mâles et des femelles (y'a-t-il plus de mâles que de femelles, se répartissent-ils d'une façon particulière sur le territoire, etc.).
Bref, la BDD est un outil génial qui permet en un instant d'analyser (rôle du
"synthétiseur"...) des milliers ou millions d'observations provenant de centaines ou de milliers d'observateurs (rôle du
naturaliste de terrain).
Vous comprenez bien l'intérêt réciproque et complexe :
- > le "scientifique" peut, dans certains cas, avoir besoin de vos observations personnelles,
- > les "naturaliste de terrain" (vous) appréciez d'élargir vos connaissances en lisant les articles du "scientifique",
- > la base de donnée est l'outil idéal pour relier les deux,
- > remarque : j'utilise volontairement des guillemets car chacun d'entre nous peut avoir, un jour, besoin d'utiliser une BDD et jouer à ce moment le rôle du scientifique (sans prétendre aucunement accéder à ses compétences et spécialités).
*statistique : c'est l'utilisation des chiffres d'une façon purement mathématique qui permet de conforter, par des calculs complexes et des tests divers, les informations que l'on aviat pu tirer de la simple consultation des observations et des graphes. Cette démarche est de plus en plus utilisée dans les analyses, dans le but d'éviter des conclusions hasardeuses,
faussée par quelque biais de méthodologie... D'un autre côté, les statistiques doivent être utilisées à bon escient, dans des cadres stricts, car elles peuvent parfois rendre "savant" un texte qui n'en avait pas besoin... On pourra par la suite se pencher sur l'utilisation des statistiques au sein de l'ONEM, d'une part pour en expliquer plus en détail le bien-fondé et la lecture, d'autre part pour donner quelques pistes d'utilisations simples.
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