image
Le Groupe de travail Rollier
- Favoriser les échanges d’expériences et d’idées (Forum, Rencontres…),
- Favoriser la coopération pour des actions concrètes (Etudes, Sensibilisation…).





Le Rollier d'Europe Coracias garrulus


Introduction

Le Rollier d'Europe, oiseau emblématique et populaire du pourtour méditerranéen, est classé « Quasi-menacé » au niveau mondial alors que ses traits de vie sont encore mal connus tant en France qu'à l’étranger.

Estimée à 5-600 couples en 1995, la population française pourrait être sous-estimée ainsi que le montrent certaines témoignages en Provence et en Languedoc-Roussillon qui révèlent des augmentation locales de population et la colonisation récente de nouvelles régions.

Les besoins du Rollier d'Europe en cavités pour sa reproduction, ainsi qu’en perchoirs et en gros insectes pour son alimentation en zone agricole lui confèrent un intérêt certain en tant que bio-indicateur des plaines agricoles méditerranéennes.

Présentation

Par Patrick Mayet

ROLLIER D’EUROPE
Coracias garrulus Linnaeus, 1758.

Classification classique :

Règne : Animalia
Embranchement : Chordata
Sous-embr. : Vertebrata
Classe : Aves
Ordre : Coraciiformes
Famille : Coraciidae
Genre : Coracias
Espèce : garrulus
Sous-esp. : garrulus Rollier

Description de l'espèce

De taille moyenne, sa posture et sa morphologie (ailes larges, tête et bec massifs) rappellent la silhouette d’un petit corvidé. Sa coloration typique est majoritairement bleue turquoise, brun-roux sur le dos, « épaulettes » (petites couvertures alaires) bleu outre-mer, et les rémiges primaires noires. En vol, l’image de l’aile est caractéristique : les rémiges noires contrastent avec le reste de l’aile et le corps turquoise. En parade ou vol d’intimidation, le dessous des rémiges, irisées, s’illuminent d’un bleu électrique sous le rayonnement direct du soleil.
Son comportement de chasse à l’affût depuis une branche haute, un fil électrique ou un poteau, puis piqué en rasant le sol, rappelle celui de la Chevêche ou d‘une pie-grièche.
M. T. Fahd cité : L'oiseau bleu "couleur du temps" de nos contes enfantins [...] est un oiseau de la taille du Geai, d'un bleu-vert aux reflets changeants, avec une touche d'outre-mer au poignet de l'aile et le dos couleur tabac. S'envolant, il déploie la splendeur de ses ailes bleu-turquoise largement ourlées de noir a la pointe et au bord supérieur. extrait

Sexe : Semblables. Aucun dimorphisme sexuel visuel évident n’est identifié. Les variations de colorations dans l’étendue comme dans l’intensité des couleurs existent mais ne peuvent être employées comme critères sexuels car les variations individuelles dissimulent toute variation liée au sexe (seuls des individus a la coloration extrème peuvent être sexés sans certitude). Cependant une différence non appréciable « a l’œil » existe, essentiellement dans les ultraviolets (Avilès et Parejo, en préparation [14]). La recherche de critères morphoplogiques fiables en main est en cour.
Age : Juv : Les jeunes Rolliers d'Europe se distinguent par une coloration générale brun-verdâtre a vert de gris. 2A : Les oiseaux de deux ans peuvent arriver de migration avec des résidus de plumage de première année (tout ou partie des plumes de vol, et certaines couvertures alaires), ce qui leur confère un aspect mité de brun sur les couvertures alaires, et éventuellement la calotte, et les tectrices ventrales ; et des limites de mue évidentes (longueur et couleur) sont visibles dans les plumes de vol, les plumes neuves étant d’un bleu nettement plus vif et brillant, et d’un noir profond au lieu noir brunâtre terne. Ce plumage d'un aspect général plus verdâtre est progressivement remplacé avant la migration d’automne. +2A : Le plumage est homogène, clair et vif. Des résidus de livrée inter nuptiale plus terne peuvent subsister a l’arrivée (résidus ternes sans teintes brunes comme cela est visible sur les oiseaux de 2A).

Sous-espèces :
Coracias garrulus garrulus (Rollier d'Europe) :
cf. description ci-dessus.
Coracias garrulus semenowi Loudon et Tschusi, 1902 (Rollier du Kashmir) :
Irak, Iran, Est du Kashmir, Nord du Turkmenistan, Sud du Kasakhstan et Nord-Ouest de la Chine (Xinjiang). Aspect plus pâle que la sous-espèce nominale. Dos brun pâle, tête, cou et parties supérieures ainsi que la partie haute des grandes et moyennes couvertures plus vert et moins bleu que chez la sous-espèce nominale. (source : www.birds.kz refs: Gavrilov E. I., Gavrilov A. E. "The Birds of Kazakhstan". Almaty, 2005 / Э.И.Гаврилов. "Фауна и распространение птиц Казахстана". Алматы, 1999)
Note : Alain Christof cite cette ssp "simenowi" in Le Rollier d'Europe (1990)
Coracias garrulus loquax Reichenow, 1899 (?) :
Citée par : F. J JAckson C.B. F.Z.S. R. Bowdler Sharpe LL.D. dans : XXXIX.—List of Birds obtained in British East Africa.
Images et localisation des syntypes disponible au Museum für Naturkunde, Berlin. Collecte des syntypes en Tanzanie, Kenya, Afrique du Sud, Mozambique.
Aucune autre informations disponibles pour l'instant.
Il me semble que ce taxon est un synonyme pour Coracias garrulus (les oiseaux donnés comme types C. g. loquax au museum de berlin semblent appartenir aux deux sous espèces précédemment citées C. g. garrulus et C. g. semenowi)
?? Coracias garrulus caucasia Buturlin ?? Cité en un seul et unique lieu : la monographie sur le Rollier d'Europe de Alain Christof
Rollier-Patrick Mayet-2008 Coracias garrulus garrulus
Coracias garrulus semenowi (c) Askar Isabekov Coracias garrulus semenowi (c) Askar Isabekov
Coracias garrulus loquax Coracias garrulus loquax (c) Museum für Naturkunde, Berlin

Aucune confusion n’est possible avec la faune autochtone sur le territoire métropolitain Français.
La seule espèce avec laquelle une confusion est possible est le Rollier d’Abyssinie (Coracias abyssinicus Hermann, 1783) présent en Afrique centrale, de l’Ouest et sur la péninsule arabique. L’allure plus frêle et les filets prolongeants les rectrices externes du Rollier d’Abyssinie sont caractéristiques.

Répartition géographique

Au niveau mondial, le Rollier d’Europe occupe en nidification, tout l’Ouest et le sud de l’Europe, ainsi que la frange Nord du maghreb. Les deux principaux bastions de la sous-espèce européenne Coracias garrulus garrulus sont la péninsule Ibérique, l’Est des Balkans (Bulgarie, Roumanie) et la Turquie. Les importants effectifs d’Afrique du Nord sont mal connus. Il a disparu dans la dernière décennie de plusieurs pays d’Europe de l’Est.

En France, c’est toute la frange littorale méditerranéenne et le haut delta du Rhône qu’il occupe de manière éparse. Plusieurs noyaux sont identifiés en plaine du Roussillon (50 couples), Vallée des Baux de Provence (80-100 couples dans son sens large), Camargue (40 couples), couloir du Lez (30 couples), basse plaine de l’Aude (15 couples), Lambesc & Basse Durance (100 couples), mais aussi les Minervois, Biterrois, Lodevois, Narbonnais, plaine des Maures, bords de l’Argens, secteur de la Verdière etc. Les limites de la répartition nationale évoluent rapidement du fait de l’actuelle dynamique progressive de la population française essentiellement dans le haut delta du Rhône (Vaucluse, Drôme) et les Pyrénées Orientales.

La période post nuptiale est l’occasion de rassemblements parfois importants en limite ou en dehors de l’aire de nidification, en général plus en altitude : plateau de Sault (Drôme -26), plateau de Sault (Aude -11), collines de la Piège (Aude -11), Rougier de Camarès (Aveyron -12), Cerdagne (Pyrénées-Orientales -66), petites Pyrénées (Ariège -09 et Haute-Garonne -31), plateau de Lannemezan (Hautes-Pyrénées -65) (Données du Groupe de Travail Rollier 2007 & Compilation ObsMedit
?
). Ce phénomène, connu aussi chez le Faucon crécerellette (Falco naumanni) est certainement lié à un besoin d’accumulation de ressources avant le départ en migration, ressources plus importantes en altitude certainement liées aux conditions climatiques.

L'hivernage est localisé sur deux zones distinctes en Afrique, toutes deux au sud du Sahara : De l'Est du Sénégal au Cameroun et de l'Ouest de l'Ethiopie jusqu'au Congo et Afrique du Sud (del Hoyo et al. (2001) [19]).
porno izle


Carte wikipédia
wikipedia

Carte STOC PACA (N. Vincent-Martin/CEEP (coord. régional))
Carte STOC PACA (N. Vincent-Martin/CEEP (coord. régional))

Biologie

La migration de printemps permet de contacter les oiseaux souvent isolés, ou en groupe très restreints a partir de fin avril, et les derniers migrateurs arrivent dans la troisième semaine de mai. Ces oiseaux sont souvent vus en halte migratoire en train de prospecter une série de cavités avec un simili « comportement territorial » à l’approche de chacune d’elle avant de reprendre leur route. Ce comportement peut jouer un rôle de stimulation chez les reproducteurs et peu porter a confusion sur le statut de l’oiseau observé.

Les oiseaux commencent leur reproduction à grands éclats de voix et de parades qu’ils commencent dès leur arrivée. Le vol de parade est un vol piqué en « feuille morte » (balancement d’une aile sur l’autre) en émettant un cri roulé.

Il n'est pas rare d'observer un individu "extra paire" (individu tiers ne faisant pas partie du couple reproducteur mais en interaction avec celui-ci). Le rôle de ces individus n'est pas encore bien défini. Une hypothèse serait que cet "extra paire", dans la majorité des cas immature (de l'an passé), copie le comportement parental (parades, comportement territorial, nourrissage, etc) avec un bénéfice non entièrement dévolu au couple associé. Par exemple, les proies apportées au nid ne sont pas systématiquement cédées aux poussins ou a l'adulte couveur, mais remportées vers un perchoir où elles seront consommées. Cet individu peut avoir un comportement de défense du territoire devant un intrus (intra ou inter spécifique) et en même temps être la cible de comportements agressifs de la part du couple associé. L'effet stimulant pour ce couple n'est certainement pas négatif.

Les premières pontes sont déposées vers la troisième semaine de mai (Plaine du Roussillon, Marsaudon, 2000 [5]), le pic des pontes se situe vers la première semaine de juin. Les dates de pontes sont influencées par le milieu et l’état de la cavité (Avilés et Sànchez, 2000 [15]) et de fréquentes pontes tardives sont observées début juillet (secondes pontes et pontes de remplacement) (Marsaudon, 2000 [5]). Une ponte est constituée de 2 à 7 œufs (moyenne = 4,23 en Estrémadure selon Avilès (Avilès, J. M., Sànchez J. M., Sànchez A., Parejo D., 1999), 3,59 en Pologne et 3,8 en Suisse, selon Sosnowski & Chmielewski (1996) pondus entre 36h a 48h d’intervalle. La couvaison n’est enclenchée que sur le 3ième oeuf (Avilés, J. M., Sánchez, J. M. (2000) [3]) et l’incubation dure 17 à 20 jours. Les éclosions sont asynchrones, les premiers poussins naissent quasiment en même temps alors qu’il peut y avoir un décalage de près d’une semaine avec les derniers poussins (Avilés J.M.(2006) Encyclopédie virtuelle). Les poussins quittent le nid après une période de développement de 20 à 24 jours.
La productivité est estimée en Estrémadure à 2,93 (erreur type=1,94 ; n=812) poussins volant par couple reproducteur, et 3,74 (erreur type=1,34 ; n=638) par cavité avec reproduction réussie (Avilés J.M. & al 1999). Cette productivité varie beaucoup en fonction des conditions climatiques et de la qualité des milieux, une forte mortalité des poussins au nid est observée en zone d’agriculture intensive (Avilés J.M. & Parejo D.(2004) [13]).

Les jeunes oiseaux se regroupent en famille et restent une à deux semaine à proximité du site de reproduction avant de se déplacer progressivement vers les sites de regroupement près-migratoires.
Cette période est mal documentée. En fonction de ce qui est observé en France, nous pouvons émettre l’hypothèse que les départs sont progressifs de début août à mi-septembre, puis un départ massif la seconde décade de septembre (57 et 13 rolliers d'Europe observés en migration le 11 et 17 /09/2007 sur le littoral Audois, LPO11). Les observations ne permettent pas de confirmer l’hypothèse de Alain Christoff d’un départ différencié des adultes puis des jeunes (Christof A. 1991 [17]).

Régime alimentaire :

Insectivore, son régime alimentaire est cependant diversifié et constitué essentiellement de : gros insectes, arachnides, scolopendres, scorpions, reptiles, micro mammifères, batraciens. La proportion de ces types de proie varie beaucoup en fonction de l’habitat fréquenté (obs. pers. MAYET, 2006) :
· Près salés/Phragmitaie, Canet en Roussillon (66) = 60% batraciens (Hyla sp., Rana sp.), 20% Arthropodes (Lyristes p. Cicada sp., Decticus sp., Tettigonia sp.), 10% mammifères (soricidae, muridae, etc), 10% autres.
· Prairies sèches (Xerobromion) Rivesaltes (66) = 90% Arthropodes (Lyristes p., Scolopendra cingulata, Cicada sp., Decticus sp.), 10% reptiles (Lacerta sp., Timon lepidus, Elaphe scalaris, Malpolon monspessulanus, etc.).
Parmi les proies apportées aux poussins, notons la présence de mollusques dont la coquille est l’élément recherché pour un apport de matière minérale.
La plasticité du Rollier d'Europe le conduit a consommer bien d'autres proies, parfois en nombre, en fonction des ressources locales comme des écrevisses, des larves de coleoptères dans du fumier fraichement retourné, etc.

Habitats

Les habitats fréquentés par le Rollier d’Europe varient considérablement en fonction des populations et des individus. Cependant le comportement de chasse du rollier d'Europe et sa nature cavernicole imposent, en période de reproduction, un cortège de milieux ouverts importants avec postes d’affût (haies, arbres isolés, piquets ou pylônes, câbles aériens) et de milieux, même restreints au minimum, offrants une cavité de nidification (bois, ripisylve, haie, bosquet, arbre isolé, mur avec infractuosités, tertre, falaise). Pendant la période post reproduction, les oiseaux se regroupent sur des milieux ouverts tels que friches, prairies pâturées ou prairies de fauche, riches en ressources alimentaires (orthoptères, micro mammifères, batraciens, etc.).
Il est donc rare de trouver le Rollier d'Europe dans un paysage homogène. Il est en général à l’interface de 2 voire 3 milieux généralement arborés (en linéaire ou massifs) et ouverts (prairies, pelouses, sansouires, coussouls), et éventuellement un milieu arbustif ou arboré clair (verger, peuplement clair de Chêne vert ou liège, peuplements clairs de tamaris, maquis, etc.).
Sur le territoire français, le Rollier d'Europe fréquente principalement, en période de reproduction, les cortèges d’habitats suivant :
- phragmitaie/près salés inondés avec haies de peupliers et frênes (Etang de Canet, Cagarell – 66)
- forêt de Chênes verts parsemée de prairies pâturées (causse de la Selle - 34, Var - 83)
- ripisylve dense bordée de vignes ou prairies de fauche/pâturées ou garrigue (bord de l’Hérault, Montpellier – 34)
- plaine viticole aride parsemée de vergers (plaine du Roussillon, Saint-Hippolyte/Rivesaltes/Salses le château – 66)
- vergers clairs au milieux de prairies de fauche/pâturées (Garrieux – 66).
D’une manière générale, les populations des PO et Aude fréquentent des milieux très ouverts (prairies, près salés, vignobles, garrigues, pelouses), en arrière pays Héraultais, Est-Gard et Camargue des milieux plus hauts et fermés (ripisylves, linéaires arborés, bosquets de pins ou feuillus), dans le Gard des milieux arbustifs (garrigues hautes), dans le Var des milieux arborés clairs (suberaies, yeuseraies claires pâturées).

Statut juridique de l'espèce en France

Directive Oiseaux : Annexe I
Convention de Berne : Annexe II
Convention de Bonn : Annexe II
Protection Nationale, oiseaux protégés : (AM 17-avril-1981) Article 1
protection Nationale, oiseaux protégés : (AM 17-avril-1981) Article 5
Espèce Déterminante ZNIEFF

Présence de l’espèce dans les espaces protégés:

Les espaces protégés ouverts de la frange méditerranéenne sont tous potentiellement concernés par le Rollier d'Europe. Sont particulièrement importants l’ensemble du delta du Rhône : Parc Naturel Régional, Réserve Nationale et Zone de Protection Spéciale (ZPS) (FR9310019) de la Camargue, Camargue gardoise fluvio-lacustre et petite Camargue laguno-marine (ZPS FR9112001 & FR9112013), la Réserve Nationale des coussouls de Crau et les ZPS de la Crau et des marais entre la Crau et le Grand-Rhône (ZPS FR9310064 & FR9312001). Plus en amont, ce sont les Parcs Naturels Régionaux du Verdon, Lubéron, plus a l’Est, les Alpilles (PNR et ZPS FR9312013). Plus a l’ouest, les Hautes garrigues du Montpelliérain (ZPS FR9112004), les Costières Nîmoises (ZPS FR9112015), le PNR de la Narbonnaise et la Basse plaine de l’Aude (ZPS FR9110108),

Etat des populations et tendance d’évolution des effectifs

Cd dept Min 1999 Max 1999 Min 2004 Max 2004 2006 Min 2007 Max 2007 maj. fiabilité evol remarque période ref
04 5 2006 Faible défaut de prospection, couples isolés 1
09 1 2 2006 Moyenne Colonisation en cours ? 16
26 5 10 2007 Bonne ++ Colonisation récente (2005) 1990-2007 11
11 40 50 37 50 37 50 2003 Bonne = Stabilité 1995-2003 4 / 13
66 20 30 59 59 59 59 2007 Bonne ++ Augmentation régulière avec un fort effet nichoir 1995-2007 4 / 10 / 13
83 40 60 40 60 60 2007 Faible = 1 / 4 / 14
84 5 5 10 50 70 2007 Moyenne ++ Expansion géographique et numérique 1990-2007 1 / 2 / 4
30 140 160 60 106 80 118 2007 Faible = stabilité 1995-2006 4 / 5 / 13
34 130 150 124 174 163 222 2007 Moyenne + Augmentation 1990-2006 4 / 6 / 13
13 130 150 160 330 410 2007 Moyenne +++ Augmentation certainement due a un double effet nichoir et prospection (enquête) 1981-2007 1 / 3 / 4 / 7 / 8 / 9 / 12 / 15 / 17

(1) Beck 2006, (2) Blanc 2007, (3) Blondel & Isenmann 1981, (4) Bousquet 1999, (5) COGard 2007, (6) Cramm comm. pers. 2007, (7) Crofton 2002, (8) Dhermain ?, (9) Flitti comm. pers. 2007, (10) GOR 2007, (11) Héron 2007, (12) Massez ?, (13) Meridionalis 2003

Au niveau mondial la fragmentation de l’habitat du Rollier d'Europe est lié essentiellement aux pratiques agricoles et au développement urbain. Cela engendre une chute importante et durable des effectifs. Le Rollier d’Europe est ainsi classé par L’UICN comme « Quasi menacé (NT) ».

Au niveau européen, Birdlife International (2004), le signale « vulnérable » ; le Rollier d’Europe présente ainsi, à l’échelon européen, un statut encore plus défavorable que ne l’indiquait Tucker et al. dans leur précédente évaluation de 1994 où l’espèce était signalée comme étant « en déclin »..

Au niveau français, malgré l’expansion numérique et géographique marquée de cette dernière décennie, nous ne pouvons conclure à un bon état de conservation de cette espèce qui reste encore très dépendante des bonnes pratiques culturales et pastorales. Dans les départements 66, 11, 34, 30, et 13, de nombreux nichoirs posés ces 7 dernières années influencent de manière significative le renforcement local des populations. Cependant, la forte dynamique générale d’expansion notamment dans les départements de l’axe rhodanien ne peut raisonnablement pas être justifiée uniquement par la pose de ces nichoirs. Une réelle augmentation des effectifs associée à une progression de l’aire de répartition nous permet d’avancer une tendance positive à court terme de cette population.
Les causes locales ne sont pas toutes clairement identifiées. Nous pouvons cependant affirmer que l'arrachage massif des vignes (59800 ha de vignes arrachées en Languedoc-Roussillon entre 1988 et 2000 [20] et 41000 ha entre 2005 et 2011 [21]) au profit notamment de friches favorables à l'alimentation du Rollier est le facteur principal d'évolution a court terme mais aussi de déclin a moyen terme (par la fragmentation de ces espaces et leur réappropriation par l'urbanisation et autres utilisations non favorables). Les poses de nichoirs et les pratiques agricoles raisonnées, bien qu’ayant une influence positive sur les densités de Rolliers d'Europe (GOR, comm. pers., 2007), ne sont pas encore assez employées en France pour justifier cette dynamique.

D’éventuelles causes plus globales comme un déplacement depuis le noyau espagnol, de moins en moins attractif, vers le nord ne peut être justifié par aucune observation ou analyse.

Aucunes des évaluations départementales ne permet d’observer de diminution d’effectif entre 1999 et 2007.

Etat des populations :

Les menaces principales pour cette espèce au niveau mondial est la fragmentation de son habitat principalement lié à l’évolution des pratiques agricoles allant vers l’intensification (remembrement, utilisation massive de produits phytosanitaires ayant un fort impact sur la productivité des oiseaux (Avilès & Parejo 2004 [13])) et la propagation du tissu urbain. De plus, comme pour tous les migrateurs trans-sahariens, les conditions d’hivernage (températures/précipitations) de plus en plus difficiles influent énormément sur le taux de survie.

Menaces :

En France, les menaces identifiées sont (par ordre d’importance) :
- la disparition des cavités de nidification (suppression des haies, des ripisylves, des arbres « abîmés » ou morts, et non renouvellement des vieux arbres)
- la fermeture des milieux « de chasse » permanents (diminution/disparition des prairies permanentes et pâturées principalement par les ovins)
- La disparition massive des milieux " de chasse " temporaires créés par l'arrachage très important des vignes à la faveur de friches*
- la pollution des nappes phréatiques littorales entraînant la disparition a moyen terme des arbres (remontée de sel due a une surexploitation saisonnière (DiREn
?
LR / INEA 2002) [18]).
- la pollution et l’empoisonnement liés à l’utilisation de produits phytosanitaires et vétérinaires provoquant une diminution/disparition des ressources alimentaires et un augmentation de la mortalité juvénile (Avilès J.M. & Parejo D. (2004) [13])

* L'arrachage massif de vignes transformées en friches, zones de nourrissage, permet l'établissement de noyaux de population au détriments de milieux plus stables. La reconversion brutale de ces espaces en zones non favorables par le changement des pratiques agricoles (agriculture intensive en céréales, légumes plein champ, élevage intensif, etc) voire urbanisation, et la fragmentation des zones favorables encore présentes risquent de provoquer la disparition de ces noyaux de population après avoir "drainé" les milieux stables périphériques.

Mesures de gestion

Parmi les mesures de gestion à privilégier, il y a notamment :
- L’entretien et la restauration des haies et ripisylves en replantant ou favorisant la régénération naturelle en interdisant l’exploitation de ces zones par le bétail et en cadrant les opérations de « nettoyage » (garantir sur le long terme la présence de cavités en maintenant un équilibre dans les classes d’âges de la strate arborée).
- L'entretient, la restauration et le renouvellement des vieux arbres isolés (mûriers, chênes, micocouliers, platanes, frênes, etc) présents a proximité des villages et autour des anciens domaines agricoles (anciennes productions fourragères pour la sériciculture ou l'élevage ovin/caprin/bovin par l'exploitation des arbres).
- La modification des pratiques agricoles vers une agriculture « raisonnée » et qui tient compte des problématiques locales (réduire l’impact sur l’entomofaune par la diminution de l’emploi de produits phytosanitaires, et adaptation des modes de traitement vétérinaire).
- Le redéveloppement des pratiques pastorales extensives (maintien des espaces ouverts et développement de l’entomofaune associée).
- La pose de nichoirs pour pallier a court terme au déficit de cavités de reproduction (est obligatoirement associé à une action favorisant les cavités naturelles sur le long terme).

Sur le long terme, l’implication des acteurs locaux, et notamment des agriculteurs est la première garantie de la réussite d’une action de gestion.
L’ensemble de ces actions ont été suivies en plaine du Roussillon et ont montré une modification significative de l’utilisation de l’espace par le Rollier d'Europe :
- Restauration et entretient de haies sur le delta du Réart, Etang de Canet (GOR – 66)
- Création et restauration de haies en vergers dans la plaine du Roussillon, Garrieux (Salses-le-Château – 66, GOR)
- Viticulture « bio » et raisonnée en plaine du Roussillon (Saint-Hyppolite – 66, GOR)
- Pâturage en bordure des étangs de Canet et de Salses (GOR - 66), et en basse plaine de l’Aude (LPO11)
- Pose de nichoirs (GOR – 66 / LPO 11 / LPO 34)

Ces mesures de gestion favorisent d’autres espèces des cortèges « macro insectivores cavernicoles » et « macro insectivores des milieux ouverts » (Picus viridis ssp. viridis et ssp. sharpei, Athene noctua, Otus scops, Upupa epops, et Burhinus oedicnemus, Circus pygargus, Lanius excubitor, Lanius meridionalis, Lanius senator, Calandrella brachydactyla et plus localement Falco naumanni, Tetrax tetrax, Glareola pratincola, Lanius minor, Melanocorypha calandra, etc.).

Etudes et recherches à promouvoir

La connaissance de la répartition et des effectifs est encore trop partielle, et reste indispensable pour évaluer l’état de cette population sous prospectée. Un état « zéro » des connaissances devrait être réalisé au cours des années 2008-2009 grâce à l’implication du Groupe de Travail Rollier dans l’élaboration d’un protocole de recensement et dans sa mise en œuvre. Un certain nombre d’informations sur la biologie et l’écologie du Rollier d'Europe restées inconnues pourraient être renseignées grâce a un suivi individualisé (marquage coloré, télémétrie). L’utilisation du Rollier d'Europe comme indicateur de la qualité et de la dynamique de certains habitats serait un moyen de mettre en valeur cette espèce. La pertinence de ce choix pourrait être évaluée sur la partie européenne de son aire de répartition en mettant en commun les caractéristiques et problématiques françaises, espagnoles, italiennes, polonaises, grecques, etc.

Bibliographie

[1]. SOSNOWSKI, J. & CHMIELEWSKI, S. (1996). – Breeding biology of the Roller Coracias garrulus in Puszcza Pilicka Forest (Central Poland). Acta Ornithol., 31, 119.131.
[2]. AVILÈS, J. M., SÀNCHEZ J. M., SÀNCHEZ A. & PAREJO D. (1999). – Breeding biology of the Roller Coracias garrulus in farming areas of the southwest Iberian Peninsula. British Trust for Ornithology, Bird Study, 46, 217.223.
[3]. AVILÉS, J. M. & SÁNCHEZ, J. M. (2000). – Incubation period and weather conditions in a Roller Coracias garrulus population from south-west Iberian peninsula. Alauda, 68 : 67-68.
[4]. DURANGO, S. (1946). – The Roller (Coracias garrulus L.) in Sweden. Vår Fågelv, 5, 145.190.
[5]. MARSAUDON V. (2000). – Suivi de la population de Rolliers d’Europe Coracias garrulus dans la plaine du Roussillon. Stage ENGREF-GOR.
[6]. AVILES, J. M. (1998). – Détermination de l’âge des poussins de Rollier d’Europe Coracias garrulus. Alauda, 66 : 313-314.
[7]. AVILES, J. M. (1999). – Distribución de la Carraca (Coracias garrulus) nidificante en España. Ardeola, 46 : 223-226.
[8]. AVILÉS J. M. & COSTILLO, E. (1998). – Selection of breeding habitats by the Roller (Coracias garrulus) in farming areas of the southwest of the Iberian Peninsula. Vogelwarte, 39 : 242-247.
[9]. MARQUES, A. T., HENRIQUES, I., CATRY, I. & MOREIRA, M. I. (2005). – Distribution of the Roller Coracias garrulus in Portugal, an historical approach. Ardeola, 52 : 173-176.
[10]. GLUTZ VON BLOTZHEIM, U. N. & BAUER, K. M. (1994). – Handbuch der Vögel Mitteleuropas. Band 9. Columbiformes – Piciformes. 2 Auflage. Aula Verlag, Wiesbaden.
[11]. CRAMP, S. (1998). – The Complete Birds of the Western Palearctic. CD-Rom Version 1. Oxford University Press.
[12]. AVILÉS J. M., SÁNCHEZ J. M. & PAREJO D. (2000). – The Roller Coracias garrulus in Extremadura Sw of Spain does not show a preference for breeding in clean nest-boxes. Bird Study, 47 : 252-254.
[13]. AVILÉS, J. M. & PAREJO D. (2004). – Farming practices and Roller Coracias garrulus conservation in south-west Spain. Bird Conservation International, 14 : 173-181.
[14]. AVILÉS, J. M. & PAREJO, D. (Manuscrito en preparación). – Spectrophotometric assessment of sexual dimorphism in plumage coloration of the Roller..
[15]. AVILÉS, J. M. & SÁNCHEZ, A. (2000). – Avian responses to nest-box installation in steppes of the south-west of the Iberian Peninsula (Extremadura). Avocetta, 24 : 51-54.
[16]. BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004). – Birds in the European Union: a status assessment. Wageningen, The Netherlands: BirdLife
?
International, 59 p.
[17]. CHRISTOF A. (1991). – Le Rollier d’Europe. Editions du Point Vétérinaire.
[18]. DiREn
?
LR / INEA (2002). – Dianostic environnemental, Mission Littoral.
[19]. del Hoyo, J., Elliott, A. and Sargatal, J. (1994) Handbook of the Birds of the World. Vol. 6: Mousebirds to Hornbills. Lynx Edicions, Barcelona.
[20]. L'Agriculture en Languedoc-Roussillon
[21]. SAFER LR, Marché viticole en Languedoc-Roussillon, 2010
Il n'y a pas de commentaire sur cette page. [Afficher commentaires/formulaire]