Vespère de Savi Hypsugo savii

Introduction
Longtemps regroupé avec les pipistrelles, le Vespère de Savi s'en distingue cependant, outre quelques caractères anatomiques spécifiques au genre Hypsugo (pénis courbé à angle droit par exemple), par l'absence d'entretoise (cloison cartilagineuse au niveau de l'épiblème présente chez les pipistrelles), les oreilles plus larges avec un tragus court, nettement arrondi et élargi à la pointe. L'allure générale évoque une petite Sérotine bicolore, avec le ventre crème, la face et les oreilles noirâtre et le pelage du dos hirsute, brun avec les pointes du poil claires donnant des reflets clairs et dorés bien visibles et frappants.
Difficile à capturer car évoluant généralement assez haut et à découvert, c’est l’usage du détecteur d’ultrasons qui a donné le plus d’informations sur cette espèce aussi mobile que discrète. Compte tenu de ses habitudes rupestres et de sa dispersion dans des milieux difficiles à prospecter comme les gorges et les falaises, le trouver en gîte s’avère particulièrement délicat et la découverte d’une colonie est exceptionnelle.
Le Vespère émet des signaux de type "FM aplanie", usant régulièrement y compris en chasse de cris à très faible largeur de bande (QFC) de fréquence comprise entre 31 et 33 kHz. A l'approche d'obstacles ou en milieu plus encombré, la largeur de bande augmente, tout comme la fréquence de maximum d'énergie ou d'aplanissement qui monte jusqu'à 36-37 kHz, mais reste la plupart du temps autour des 35 kHz. La rythmique des émissions est également assez caractéristique et semblable à celle de la Sérotine de Nilsson, avec des phrases comportant des séries rapprochées de 2-3 cris, puis un intervalle de temps plus grand avant de reprendre une série. Ce phrasé est dit "3 temps".

Statut phénologique
Le Vespère de Savi est extrêmement discret en hiver et l'espèce passe très facilement inaperçue à cette époque de l'année. les premiers individus sortent d'hibernation assez tardivement à partir du mois d'avril, y compris sur le littoral méditerranéen. le maximum d'activité intervient classiquement au cœur de l'été, de juin à septembre. La reproduction intervient à la fin juin / début juillet comme le montre les captures de femelles allaitantes. Les juvéniles se capturent facilement en août au dessus de l'eau. Puis très vite l'espèce disparait dès le début de l'automne, aux alentours du mois d'octobre, ce qui laisse penser que l'espèce a besoin d'une très longue période d'hibernation.

Habitats et écologie
Espèce méridionale, pouvant se retrouver dans son aire en altitude (parfois au delà de 2000 m.), le Vespère de Savi occupe l’ensemble de l’Europe du sud, presque toutes les îles méditerranéennes et l’Afrique du Nord (bien que le genre Hypsugo dans ces contrées soit en cours de révision avec des divergences notables). Vers l’est, elle est présente jusqu’au Caucase et en Mongolie, où là encore Hypsugo savii seraient à spliter en nouvelles espèces. En France, sa limite nord est l’Auvergne et la Franche-Comté.
Sur le pourtour méditerranéen (régions Languedoc-Roussillon et Provence), le Vespère de Savi est l'une des espèces les plus présente en garrigues et dans les zones montagneuses karstiques ou non, du moment que les paysages comportent des falaises importantes. Aussi, elle investit depuis peu l'habitat urbain en plaine, notamment à Pézenas (Hérault) par exemple. Sur le littoral, le Vespère est cantonné aux massifs calcaires tels que la Montagne de la Gardiole près de Montpellier ou la montagne de la Clape à côté de Narbonne. Ailleurs, le long des lagunes et des longues plages de sables, elle est absente.
Les habitats de chasse du Vespère sont très variés. Toutefois, on le remarque surtout en plein ciel dans les vallées encaissées et boisées : gorges de l'Hérault, gorges de la Cesse, gorges du Gardon, haute vallée de l'Aude, généralement au dessus de l'eau. Mais on le trouve aussi régulièrement en pleine garrigue où, avec la pipistrelle de Kuhl et souvent l'Oreillard gris, il forme le trio dominant en terme d'activité dans ce milieu. Lors des fortes périodes de vent (Tramontane, Mistral), des observations montrent que le Vespère apprécie la chasse en milieu forestier (chênes blancs, plantations de résineux). Quand les proies se font rares au printemps et au début de l'automne, le Vespère fréquente aussi régulièrement les villages de montagne en chassant sous les lampadaires à la manière des pipistrelles. Enfin en plein été, lors des nuits très chaudes, il peut monter très haut en altitude au delà de la limite des arbres. Dans les Pyrénées-orientales, il n'est pas rare de le détecter à plus de 2000 m.

Concernant les gîtes, on connait peu de choses sur le Vespère de Savi. En milieu naturel, il est très régulièrement présent dans les fissures des parois rocheuses et des falaises où s'établissent très certainement la majorité des colonies. Des données le mentionnent également derrière des volets ou sous des ponts. La nuit, il peut être capturé au filet à l'entrée des grottes, en général celles qui offrent un grand proche, mais en journée il n'est jamais invisible à l'intérieur (absent ou enfoncé profondément dans des fissures), seulement à l'entrée comme nous avons pu le constater dans les gorges du Gardon.

Avenir de l'espèce
Les données au détecteur d'ultrasons montrent que l'espèce est plutôt commune en région méditerranéenne. Sa capacité à gîter en falaise laisse à penser qu'elle est assez peu vulnérable. Néanmoins on portera tout de même une attention particulière à la pratique de l'escalade et aux carrières en exploitation en raison des nettoyages (décollement d'écaille, colmatage...) et grignotages de falaise pouvant entrainer de forts impacts sur cette espèce.
Mais encore aujourd'hui les données sur le Vespère de Savi sont très insuffisantes, notamment en termes d'effectifs reproducteurs et leur dynamique évolutive, pour statuer sur son avenir. Et il faut bien reconnaître que l'on connait peu de choses sur lui, à l'instar d'autres espèces rupestres comme le Molosse de Cestoni, et des études approfondies de son écologie et de sa biologie resteraient à mener.

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Texte : Vincent Rufray / Thierry Disca

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Retour carte : CartoHypSavi

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